LE CLOUTIER

Avant la mécanisation, tous les clous étaient forgés à chaud, un par un, à la main. La méthode, tout comme les installations, était très rustique. L’installation principale consistait en une forge, chauffée au charbon, dont le feu était entretenu par un soufflet actionné par une roue à augets entraînée par une roue à chien, l’animal étant dressé pour tourner patiemment dans une cage circulaire.

Chaque cloutier disposait d’un billot dans lequel était fiché une lame verticale servant de ciseau, une petite enclume -la place- une autre plus importante -le pied- dans lequel venait s’encastrer les cloutières (ou clavières) amovibles, où était façonné les têtes de clou. A chaque modèle de clou correspondait un type précis de cloutière.

Le premier travail était de chauffer au rouge des tiges de fer carrées ou rondes, dont la section déterminait celle de la tige du clou.

La tige du clou était forgée sur la place (ou sur le pied pour les plus petits clous) en quelques coups de marteau, coupée à la bonne longueur, de manière à réserver la quantité de métal nécessaire à la réalisation de la tête du clou. Mais il fallait veiller à ne pas la sectionner complètement, car la ramasser au sol avec des pincettes aurait été une perte de temps.

La pointe était ensuite dressée dans la cloutière, puis totalement séparée de la tige. En quelques coups de marteau bien appliqués, la tête du clou était mise en forme. D’un ultime coup de marteau bien dirigé et donné par en dessous, le clou brûlant sautait de la cloutière dans le curbel, sorte de boîte en tôle destinée à recevoir la production.

Pour fabriquer un clou, il fallait quelque trente à trente-deux coups de marteau. Un bon ouvrier ne produisait guère plus de cent clous à l’heure pour les petites tailles et cinq cent clous par jours pour les grandes tailles en une longue et pénible journée de douze heures. Le principal outil du cloutier était évidemment le marteau. Soumis à un usage intense, il se déformait rapidement et devait être reforgé chaque semaine.

Certains ateliers disposaient d’un appareil à modeler les têtes des clous spéciaux destinés à ferrer les chevaux : cette machine simple, actionné au pied, permettait de former la tête d’un seul coup.