DUC DE CROY
MARECHAL DE FRANCE
LA
CHAPELLE FUNERAIRE
Le
4 avril 1784, la dépouille mortelle du maréchal de France de Croÿ, décédé
à Paris le 30 mars 1784, passe à Anzin pour y être transportée en son
château de l’Hermitage, où il fut exposé pendant trois jours, puis inhumé
dans le caveau de famille en l’église Saint-Wasnon de Condé.
Sous
la révolution, tous les cercueils de la famille de Croÿ furent transférés au
château de Biez à Wiers (partie du Hainaut restée autrichienne).
A
la demande d’Alfred de Croÿ, arrière-petit-fils du maréchal, dixième duc
de Croÿ résidant à Dülmen, sur les terres de ces ancêtres, les restes
mortels de ses ascendants furent ramenés en France, le 8 octobre 1845; ils
furent alors déposés solennellement dans la chapelle familiale au cimetière
de Vieux-Condé.
A
côté de cette chapelle repose Monsieur de Gheugnies, ancien bailli de Condé,
ami et compagnon fidèle du maréchal (qui négocia et assuma les suites de l’emprumt
à la chapelle de Notre-Dame-de-Bonsecours pour la construction de l’église).
Un
procés-verbal tenu par le maire de Vieux-Condé constata la présence, lors du
transfert, de dix-huit cercueils en plomb, trois boîtes en plomb et une espèce
de coffre en bois entouré de cercles en fer.
En
voici le détail :
un
coffret en bois, dans la planche supérieur duquel, il y avait, à une
extrémité, une petite ouverture se fermant à volonté par une porte à
coulisses. On remarquait dans l’intérieur, quelques ossements et un crâne
portant encore une chevelure rousse. Voici l’inscription que portait cette
bière : « Il gist en che vaischau
(vaisseau) une dame Ysabiaux de Fôtanes, jadis Dame de Moriamez, femme de sire
Robier de Condet, seigneur de Murches et de Bailleul li quelle trépassa en l’an
1347, le dernier jour du mois d’aoust. Priez pour l’âme ... ».
Elle était probablement la femme de Robert de Condé mort en 1358 et
dont parle Vinchant dans les annales du Hainaut.
Le
second cercueil portait le nom de Jeanne de Lalaing, dame de Renty, morte en
1649, femme de Jean de Croÿ, troisième du nom, capitaine de la garde de
Philippe IV, roi d’Espagne et décédé à Madrid en 1640 où il fut inhumé
en la chapelle de l’hospital des Flamands.
Isabelle-Claire
de Gand-Villain, décédée le 13 septembre 1664, mariée en 1638 à
Philippe-Emmanuel-Antoine-Ambroise de Croÿ, seigneur de Condé et fils du
précédent. Celui-ci mourut à Bruxelles, le 19 janvier 1670. Son corps fut
transporté d’abord à Condé dans la sépulture de ses ancêtres.
Brigitte
de Croÿ décédée en 1647.
Maria-Eugénia
de Croÿ décédée le 24 octobre 1675.
Jean-François
de Croÿ décédé le 21 juillet 1684.
Marie-Thérèse-Honorée
de Croÿ décédée le 22 juillet 1686.
Philippe-Alexandre-Emmanuel
de Croÿ, prince de Solre et de Moeurs, seigneur de Condé, grand veneur
héréditaire du Hainaut, lieutenant des armées du roi, décédé à Condé le
31 octobre 1723, âgé de 47 ans, marié à Marie-Marguerite Louise, née
Comtesse de Milendonck, décédée à Condé le 23 août 1768, à l’âge de 77
ans.
Emmanuel,
duc de Croÿ, maréchal de France, né le 23 juin 1718, décédé à Paris le 30
mars 1784. Il avait été nommé maréchal de France le 13 juin 1783.
La
bière extérieure, en bois, ayant été ouverte, on a trouvé un cercueil en
plomb sur lequel était fixée une plaque en cuivre qui portait l’inscription
suivante : « cy gyt, très haut,
très puissant, et très illustre prince monseigneur Emmanuel, duc de Croÿ,
prince de Solre et de moeurs, prince de l’empire, grand d’Espagne de la
première classe, maréchal de France, chevaliers des ordres du roi, baron de la
ville de Condé, gouverneur de ladite ville, commandant des provinces de
Boulonnais, Calaisis et Picardie, décédé en son hôtel de Paris le 30 mars
1784, à l’âge de 65 ans et 8 jours. Recuies quat in pasce ... ».
Un
autre grand cercueil ne portait pas d’épitaphe, il est probable que c’était
celui de Philippe-Emmanuel-Antoine-Ambroise de Croÿ.
Un
autre grand cercueil était probablement celui de
Philippe-Emmanuel-Ferdinand-François de Croÿ ou de son épouse dame
Anne-Françoise de Bournonville.
Enfin,
les autres ne portaient pas d’indications « nous » permettant de
les connaître.
A
cette époque, cette chapelle funéraire, de la famille de Croÿ se situait au
fond du cimetière. Celui-ci par agrandissements successifs permet aujourd’hui
à cette chapelle de se situer sensiblement au centre de l’ancien cimetière.
Sous
l’ancien régime les notables étaient inhumés dans les églises mêmes et
souvent le plus près possible du maître autel. Cette pratique fut souvent
critiquée au nom de l’hygiène la plus élémentaire; on pouvait, en effet,
craindre les risques de pestilence et une déclaration du roi de France
intervint en ce sens le 10 mars 1776.
« Désormais,
sauf exceptions prévues et limitées, nulle personne ne pourra être enterré
dans les églises, ni dans les chapelles publiques ou particulières, oratoires
et généralement dans tous les lieux clos et fermés où les fidèles se
réunissent pour la prière et la célébration des saints mystères. ».
Les
inhumations ne pourront plus se faire même autour des églises et les
cimetières devront être transférés en périphérie des villes. Joseph II,
empereur des états de Halsbourg, interdit également, par décret du 26 juin
1784, toutes inhumations dans les villes ou les bourgs.
Mais
c’est avec beaucoup de réticences que les lois furent appliquées.
Tout
d’abord l’éloignement des morts des églises est mal reçu par le peuple,
pour différentes raisons :
·
difficultés pour les
prêtres d’accompagner les cortèges funèbres.
·
nécessité de faire
transporter le corps par des attelages, ce qui est ressenti comme une insulte.
·
désacralisation de l’espace
autour des églises.
·
les morts semblaient
être chassés de la cité.
C’est
ainsi qu’est apparu au XVIIIème siècle une chapelle funéraire à cet
endroit.
Ce
cimetière est un des plus beaux lieux du souvenir. Son intérêt réside, entre
autres, au fait qu’il s’est étendu par étapes successives et qu’il a
gardé, dans ses différentes parties, les modes d’inhumations propres à
diverses époques. Il permet également, des approches variables et
complémentaires de l’évolution de l’architecture funéraire, du
symbolisme, un certain miroir de l’histoire de notre cité et la présence de
créations artisanales et artistiques, que nous pouvons apprécier lorsque, nous
nous attroupons, entre fréres de notre commune pour suivre l’un de nous vers
sa dernière dalle.
Bibliographie
:
-
Les archives du Nord,
Lille.
-
Revue historique du Nord.
Correspondance de Benezech de Saint-Honoré, Maire de Vieux-Condé.
-
Archives paroissiales de
Vieux-Condé.